Politique agricole : Sarkozy continue… en pire

Publié le par Unité

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Porté par les urnes à la plus digne des responsabilités, Nicolas Sarkozy n'a pas même porté attention à son électorat. Les français, pris en otage par des syndicats minoritaires et non représentatifs, ont même été abandonnés par les membres du gouvernement Sarkozy (pour rappel, François Fillon n'est qu'un collaborateur) qui ont critiqué les manifestations spontanées contre la grève. Henri Guaino emploie même le terme de "faute" en parlant de l'organisation de ces manifestations.
Après avoir marqué son délaissement pour les français des grandes villes, voilà que Nicolas Sarkozy s'attaque aux campagnes. Son paramètre d'action : la représentativité de la population agricole qui atteint difficilement les 2% de la population française (1) soit quelques bulletins de vote, trop peu pour avoir une raison de les défendre. Il commence brillamment par l'acceptation de la dernière réforme de la Politique Agricole Commune (PAC) qui ne visent que la domination de grandes exploitations. Le Financial Times, dans son numéro du 21 novembre 2007, évalue à 1 sur 5 le nombre d'entreprises agricoles qui touche effectivement les aides de la PAC.
La base de la réforme part d'un mauvais constat : la forte hausse des prix agricoles qu'on pense être favorable aux agriculteurs. Elle n'est en fait qu'un réajustement des prix agricoles qui font suite à la dégringolade des années précédentes. Ce constat permet en tout cas de justifier l'acceptation d'une politique européenne qui n'a pour seule ambition que de diminuer les aides offertes aux exploitants. D'ailleurs, les deux réformes censées être favorables aux agriculteurs ne sont en fait que des rideaux de fumée :
- la première propose une augmentation du quota de production de produits laitiers. Or la France n'a atteint que 94,5% de ses quotas l'an dernier soit "un manque de un million de tonnes de lait" selon le ministre de l'agriculture, Michel Barnier (2) ;
- la deuxième veut orienter les aides financières agricoles vers les exploitations qui respecteraient certaines normes environnementales. Ces normes évidemment ne vont reposer sur aucun vrai constat scientifique. Quand on sait que la première source des gaz à effet de serre est l’évaporation d’eau et que les carburants à base d’éthanol sont plus polluants que les carburants à base de matières premières fossiles, on est en droit de se demander si ces normes ne vont pas être un prétexte à la suspension les aides. Par contre les Etats-Unis continueront à pouvoir nous exporter leurs produits à Organisme Génétiquement Modifié (OGM) dont la composition reste encore très douteuse.
Ces réformes vaines justifieraient, d'après Bruxelles, les diminutions des dépenses de la PAC dans d'autres domaines. Par exemple, Bruxelles prévoit la disparition progressive des prix garantis sur les produits céréaliers c'est-à-dire des prix qui permettaient aux agriculteurs de ne pas subir les fluctuations des cours internationaux.
En regardant vers des pays non européens, nous nous apercevons que l'Union européenne va à l'encontre de la tendance mondiale. La Russie par exemple, qui compte dans ses programmes de développement prioritaire l'agriculture, réfléchit sur la création d'un fonds mutualiste agricole. D'après Jean-Jacques Hervé (3), ce fonds avait fait le succès de notre agriculture au sortir de la guerre, à l'époque où l'on appelait encore notre production agricole "le pétrole vert". L'hebdomadaire anglais Fortune (4) nous apprend encore que la Russie avec l'Ukraine ont imposé des restrictions dans l'importation de blé pour éviter de subir les assauts spéculatifs des agents de marché.
Les Etats-Unis continuent et améliorent l'application de la Federal Agriculture Improvement and Reform Act (FAIR Act) qui, d'après un document du ministère des Affaires Etrangères (5), est une aide directe à la production et à l'exportation. Ils n'ont pas hésité pour cela à outrepasser les exigences de l'OMC en matière de subvention à la production.
A quand une véritable politique pour l'intérêt de la France et des Français ?

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1 : Selon l'INSEE, en 2005 la population active agricole est de 1,1 millions, le secteur de la pêche confondu.
2 : Figaro du 21 novembre 2007.
3 : Correspondant de l’Académie d’Agriculture de France, membre de l’Académie des Sciences Agricoles de Russie.
4 : Volume 156 n°10 du 26 novembre 2007.
5 : Etats-Unis , Europe : nouvelles politiques agricoles


http://www.dies-irae.eu/

Publié dans Information Locale

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