"J’ai la conviction que l’ordre venait de plus haut..."

Extrait du livre de Yves Bertrand - "Je ne sais rien… mais je dirai (presque) tout, Conversations avec Eric Branca"
Est-il arrivé, à votre connaissance, que le gouvernement se serve des RG pour influencer l’opinion, bref, qu’on vous demande de corroborer artificiellement, au moyen d’une enquête de complaisance, une thèse qui arrangeait le gouvernement ?
La réponse doit être nuancée. L’exemple le plus grossier me paraît être l’affaire de Carpentras. Je rappelle brièvement les faits. Au matin du 10 mai 1990, on découvre que le cimetière juif de Carpentras a été profané. Et pas n’importe comment : d’une manière particulièrement atroce. Trente-quatre tombes ouvertes et le corps d’un octogénaire mort quinze jours plus tôt exhumé. Détail sordide : on a placé entre ses jambes un pic de parasol. Le sacrilège est total, l’ignominie absolue. En 1989, déjà, une cinquantaine de sépultures du cimetière chrétien voisin avaient été saccagées. Et d’autres, quelques mois auparavant, dans les villages proches de Bédouin et Caron.(.....)
En fait d’emballement, on a pourtant été servi !
Et c’est très exactement là où je voulais en venir. A peine connue la nouvelle de Carpentras, les autorités ont sciemment ignoré la crainte légitime des autorités juives. Elles ont désigné un coupable, et un seul : Jean-Marie Le Pen et le Front national !
Quand vous dites « les autorités », à qui faites-vous allusion ? A votre ministre, Pierre Joxe ?
J’ai la conviction que l’ordre venait de plus haut : de François Mitterrand en personne qui tenait là l’occasion qu’il cherchait pour diaboliser le Front national après avoir puissamment contribué à son émergence. La phase A de son plan étant accomplie – un FN à 15 % privant la droite parlementaire de plusieurs millions de voix –, il fallait passer à la phase B : rendre définitivement impossible toute alliance, même locale, entre cette même droite et les lepénistes. Le fait est que le piège a parfaitement fonctionné : après Carpentras et l’imputation de ce crime à Le Pen, les rares élus de droite qui ont osé passer le moindre accord électoral avec son parti ont été frappés du sceau d’infamie ! Plus question, dès lors, pour la droite d’accepter l’équivalent de ce que la gauche a toujours pratiqué avec le PCF et l’extrême gauche : des désistements mutuels au second tour !
On vous a donc demandé de chercher le coupable exclusivement au sein du Front national ?
Pas « exclusivement », mais tous les services de police disponibles ont été mobilisés dans ce sens privilégié. Et puis, souvenons-nous de la chronologie des événements !
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