Kosovo : veillée d’armes chez les nationalistes serbes

Publié le par Unité

La Serbie se dit prête à réagir « par tous les moyens politiques et diplomatiques » à une éventuelle proclamation d’indépendance unilatérale des Albanais du Kosovo. L’armée est également en état d’alerte, et l’évêque Artemije appelle à la mobilisation générale. Milices serbes et albanaises sont aussi sur le pied de guerre. Tandis que les patriotes serbes fourbissent leurs armes, les courants pro-occidentaux et lobbies mondialistes en Serbie semblent en panne d’excuses pré-pensées et de mensonges politiques adéquats devant une situation qu’ils ont eux-mêmes créée.

Incurie pro-occidentale

Depuis l’annonce du plan Ahtisaari, destiné à mettre un terme à la souveraineté serbe sur le cœur historique du pays, le climat politique en Serbie tourne seulement autour de la question du Kosovo-Métochie. En s’efforçant de maintenir l’attention sur cette question vitale pour l’avenir du peuple serbe, la classe politique et les autorités dirigeantes ont tenté d’apporter des réponses permettant de trouver un angle d’ouverture viable, dans une situation où, une fois de plus, le peuple serbe est montré du doigt par la « Communauté internationale » au profit de ce qu’il faut bien appeler une islamisation criminogène d’une partie du territoire européen.

Dans ce contexte, ce 10 décembre - jour où la troïka de médiation du Groupe de contact de négociations va remettre son rapport final au Secrétaire général des Nations Unies - est, en Serbie, depuis longtemps désigné comme le jour « J », que les Albanais du Kosovo proclament ou non l’indépendance unilatérale ou qu’ils prolongent la décision pour un temps.

De cette situation inextricable pour ceux qui ont été portés au pouvoir en octobre 2000 à la faveur d’un coup d’Etat antidémocratique et pro-occidental, il en ressort une ambiance explosive en plein cœur de l’Europe du Sud-Est, avec un sentiment de déjà vu, comme si le chaudron balkanique ne s’était jamais éteint vraiment depuis l’écroulement de l’Empire ottoman au début du XXe siècle.


La croix et le sabre

Le chef de l’Eglise orthodoxe du Kosovo, qui était pourtant favorable à l’opposition anti-Milosevic en 2000, semble avoir pris la mesure de la trahison du régime mis en place par les Américains et l’Union européenne. Mgr Artemije, évêque de Raška et de Prizren, est désormais à l’avant-scène de la fronde politique qui gronde en Serbie et il ne mâche pas ses mots : « On entend les autorités dire souvent : “ la Serbie ne veut pas la guerre, la Serbie ne fera pas la guerre”. Je suis d’accord : la Serbie ne veut pas la guerre, mais elle doit penser à sa légitime défense, quel que soit le conquérant. D’ailleurs quoi que nous entreprenions, “le lendemain” restera infructueux... ». Artemije semble être aujourd’hui, outre l’opposition nationaliste, le seul recours devant l’incurie gouvernementale.

Il est vrai que l’opinion publique serbe ne semble plus attendre grand-chose des incapables qui se maintiennent bon an mal an au pouvoir. D’autant que l’enjeu pour eux est énorme, dans un pays où la droite nationaliste (Parti radical de Serbie essentiellement) avoisine un tiers de l’électorat et est très majoritaire dans le Sud de la Serbie , dans la fameuse vallée de Presevo en proie à une agitation séparatiste armée pan-albanaise téléguidée de Pristina. Du côté du gouvernement de Belgrade, on cherche encore à faire croire au bon peuple que l’on a cherché par tous les moyens à maintenir la province martyre sous souveraineté serbe. Ainsi,  l’appel à la mobilisation tous les soldats de Serbie pour trois jours, afin de vérifier leur aptitude et leur formation, suivie de manœuvres militaires dans les régions proches de la province du Kosovo, avec la participation de certains observateurs de l’Organisation de Shanghai en tant que collaborateurs, peut être interprétée comme une manœuvre de diversion en direction de l’opinion publique. Même chose pour cette déclaration comme quoi la Serbie répondra « par tous les moyens juridiques et politiques disponibles ». Bien entendu l’intervention de l’armée semble exclue, le Premier ministre Vojislav Kostunica et le président « serbe » Boris Tadic étant beaucoup trop tenus politiquement par Bruxelles, Washington ou encore Berlin pour avoir les tripes de déclencher une nouvelle crise armée. Pourtant, les opportunités de manquent pas : les Américains et leurs alliés sont encore trop empêtrés dans les bourbiers afghan et irakien ; la Russie de Poutine n’a plus rien à voir avec celle de l’alcoolique Eltsine ; quant à l’Europe, rien ne dit qu’elle serait capable de réagir seule face et avec efficacité devant un fait accompli se manifestant par une entrée en force de colonnes blindées serbes au Nord du Kosovo.

Pourtant, il est avéré que le chef d’état-major, Zravko Ponos, pourrait facilement passer à la trappe. En effet, le général Ponos est l’un des principaux responsables de l’affaiblissement de la VS (Armée serbe) suite à l’application de « la réforme selon les standards de l’OTAN » dans le cadre du PfP (partenariat pour la Paix ). Ainsi amoindrie, la VS ne serait plus en mesure de défendre les intérêts nationaux comme en 1998-1999. propagande ou réalité ? Quoi qu’il en soit, dans certains quartiers populaires de Belgrade on peut lire ce graffiti : « Ponos olos, finansira Soros » (« Ponos vaurien, financé par Soros »). Face au pays légal, englué dans ses propres trahisons et contradictions en tous genres, la résistance nationaliste du pays réel s’organise.

 

La riposte nationaliste

Cependant, il est très peu probable qu’après le jour « J », la guerre éclate immédiatement au Kosovo, malgré les idées insensées de « démocrates » irresponsables, le travail de sape des ONG mondialistes et des réseaux occidentaux et le ras le bol généralisé d’une population qui ne voit pas en quoi l’amputation d’une grande partie de son identité lui permettrait d’améliorer son quotidien. Les prévisions selon lesquelles l’indépendance du Kosovo provoquerait un effet domino dans la région sont pour le moins fondées, en revanche : les Serbes de Bosnie, tout comme les Croates de la FBiH (Fédération de Bosnie et d’Herzégovine), pourraient en profiter pour exiger, légitimement, leur autodétermination. Même chose pour les Hongrois de Voïvodine ou les Bosniaques du Sandjak de Novi Pazar.

La politique désastreuse de l’élite  « démocratique » serbe (intellectuelle, politique, militaire) qui a mené le Kosovo à ce résultat, veut par tous les moyens rejeter la faute sur le dos « des traîtres locaux », c’est à dire tous ceux qui ont interpellés les autorités en raison de leurs échecs répétés, à commencer par les nationalistes du SRS de Vojislav Seselj. Le Parti radical serbe recueille aujourd'hui 38% des intentions de vote dans les sondages. En cas d'élections anticipées, ce parti pourrait se trouver en situation d'obtenir une majorité, avec comme allié le Parti socialiste longtemps dirigé par Milosevic, voire avec le Parti démocratique de Serbie (DSS), de l'actuel Premier ministre. Le SRS revendique ouvertement une option militaire pour libérer le Kosovo de l’occupation occidentalo-atlantiste et le vider de toute présence islamo-mafieuse.
Dernièrement, on a assisté en Serbie à un déchaînement de propagande antinationaliste de la part des réseaux mondialistes directement financés par l’Occident. Presse, télévisions, radios, chacun y est allé de bon cœur pour tenter de justifier l’injustifiable, en collant sur le dos de l’opposition patriotique tous les maux du pays. Cette « agression de l’intérieur », véritable stratégie planifiée pour non seulement maintenir sous pression Kostunica et Tadic, mais faire taire toute forme de contestation populaire nationale, a été imaginée depuis longtemps dans les think tanks « européens » et nord-américains, et intègre dans son action différentes formes d’intimidation, de menaces, d’arrestations, de meurtres non élucidés, etc.

Face à cela, les différents courants nationalistes serbes ont commencé par s’organiser.

Depuis de nombreux mois divers groupements paramilitaires en Serbie sont « en état de préparation avancée au combat ». Ils bénéficient bien évidement d’aides clandestines de la part de certains milieux militaires qui n’ont pas encore été épurés sur ordre de l’OTAN ou de l’Union européenne. Le commandant de la Garde du Tsar Lazar a adressé un message clair à l’opinion publique : après le jour « J », sa formation marchera sur le Kosovo pour sa reconquête. Des paroles qui ne sont pas forcément à prendre à la légère lorsque l’on sait le niveau de sympathie cette formation semi-clandestine peut compter au sein des forces spéciales de la police, de l’armée et aussi de la BIA , les services de renseignements serbes.

 

Provocations atlantico-onusiennes

L’apparition en Serbie de ce type de groupements n’est que la réponse logique à ce qu’il n’a eu de cesse du côté albanais au Kosovo. D’ailleurs, il y a quelque temps, les groupes armés de l’Armée nationale albanaise (AKSh) se sont à nouveau signalés. Ils ont menacé la population serbe, en toute impunité, la MINUK et la KFOR faisant mine de les ignorer. Et les incidents se sont multipliés ces dernières semaines, comme le vendredi 7 décembre où, lors d’une visite de routine au ghetto serbe de Gorazdevac, les chefs respectifs de la KFOR et de la MINUK ont été littéralement pris à partie par plusieurs très jeunes activistes pan-albanais, qui leur ont jeté des pierres. Ils ont du être évacués d’urgence en hélicoptère sans gravité.

Dores et déjà, l’OTAN, en accord avec Bruxelles et Washington, a déjà donné des ordres d’action contre les enclaves serbes (et notamment le Nord de Mitrovica) en cas d’annonce d’indépendance par Pristina. La KFOR pourraient lancer dans les prochains jours des opérations de « sécurisation » au Nord du Kosovo. L’objectif pour les hommes de l’OTAN serait de prendre le contrôle de la frontière avec la Serbie , d’arrêter les « agitateurs potentiels », de découvrir des caches d’armes et d’adresser un signal fort à Belgrade. La police de l’ONU et les forces armées menées de l’OTAN « se préparent à s’emparer des commissariats de police contrôlés par les Serbes du Kosovo » dans la ville de Mitrovica, divisée par une frontière ethnique, dans la municipalité voisine de Zvečan, ainsi que dans les petites villes de Zubin Potok et de Leposavić, a révélé dans la presse serbe, à la mi-novembre, un diplomate basé à Belgrade sous couvert de l’anonymat. Milan Ivanovic, un responsable serbe basé à Mitrovica, a affirmé qu’un « geste semblable constituerait un acte de violence clair contre les Serbes et transformerait la KFOR et la MINUK en forces d’occupation ». Ce qu’elles sont déjà… Toujours selon Milan Ivanovic, cette tournure des événements n’est pas entièrement nouvelle : « Nous avons récemment constaté des déploiements inhabituels, un détachement entier de la KFOR le long de la frontière » entre la Serbie et le Kosovo. Pour envenimer le tout, ce sale boulot serait non seulement confié à l’US Army mais aussi et surtout aux soldats allemands du Gebirgs-Jäger Bataillon 232 de l’Oberstleutnant Alexander Sollfrank. Dans un pays où les exactions des forces du Reich hitlérien à l’encontre des populations serbes sont encore très vives dans la mémoire collective, notamment le rôle des « volontaires » albanais de la tristement célèbre Waffen-Gebirgs-Division der Waffen-SS « Skanderbeg »*, on imagine aisément le type de réactions qui pourrait découler de tout cela. A croire que l’OTAN, l’ONU et l’Union européenne veulent à tout prix mettre de l’huile sur le feu en plein cœur de l’Europe balkanique.

L. L.

* Lire à ce sujet : Laurent Latruwe & Gordana Kostic, La Division Skanderbeg , histoire des Waffen-SS albanais des origines idéologiques au début de la Guerre froide, Paris, Godefroy de Bouillon, 2005, 316 p.

http://uniondespatriotes.hautetfort.com/

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
S
regardez mon blog merci
Répondre